Hugo Pratt, contre toute attente, n'est pas né à Venise, mais à Rimini, comme Fellini
(Manara travailla avec eux deux). Il passe son enfance à Venise, et suit son père militaire en Ethiopie. Il y vit le début de la guerre, le retour du messie des rasta, retourne dans Venise
occupée... Vit une vie d'aventures, de voyages... Tout ce qu'on retrouve dans ses livres.
Grâce à Claude Moliterni, il est publié dans Pif, en 70. C'est son début en France, un peu décalé (je ne peux résister à placer ici l'avis
du petit Christian, dont le héros de Pif, c'est Rahan !).
Scarlett Dream #4, Ombres sur Venise de
Robert Gigi et Claude Moliterni.
Il sera présent dans tous les journaux de BD : Pif jusqu'en 73 (Corto), tintin entre 73 (Les scorpions) et 75
(Corto), Pilote en 74 (Weeling) et 78 (Jesus Joe), (à suivre) à partir de 77 (Flables, Corto, Les scorpions), dans Circus en 79 (Ernie Pike et
Capitaine Cormoran) et Métal Hurlant en 80 (Fort Wheeling).
Son dessin, c'est du noir et blanc, et pas des à-plat : des tâches (le dessin d'Ayroles dans ses 28 moments précède la découverte de la tâche par Crumb...).
Alors on peut regretter les mises en couleurs, inutiles. Et aussi ses petits assistants affinant les décors, tellement en décallage avec le trait brut du maitre.
Pratt devient personnage de BD, maitre de l'aventure pour Giuseppe Bergman (alias Alain Delon, héros de Manara).
Tarquin, très joueur, a dissimulé dans le dernier album de Lanfeust de Troy, des noms d'auteurs de BD. Lanfeust et Corto ne partage pas le même univers. L'aventure pour Corto se
mèle aussi d'humanité, de doute, de surnaturel.
Corto a perdu beaucoup de son identité en se collant sur celle de chacun (qui n'a pas sa montre, son bonnet, son cartable, son mugg, son happy meal Corto ??).