J'aurais voulu vous mettre ici des dizaines d'images, des planches entières... alors que ce qu'il faudrait que je mette, c'est la musique que j'ai entendu, fruits des guitares aux noms exotiques.
D'ailleurs, c'est vrai que le bouzouki ressemble à une figue.
Et c'est là toute la magie de Prudhomme : saisir les instants, retranscrire les mouvements avec un naturel tellement évident... si rare en bande dessinée. Ca m'avait fait ça avec La Marie en
plastique et Rosa Thuringae, que Rebetiko rejoint au coeur de mes étagères.
David Prudhomme prend le temps.
Rebetiko, c'est ça :
Ce qu'il y a à voir est hors de l'image : c'est souvent de la musique, un peu des odeurs (fortes), de la fumée de hash que fume cette mauvaise graine (et je m'demande pourquoi mon
dieu, ça vous dérange que j'fume un peu).
Ses cases sont tellement belles, avec des angles de vue qui sont des points de vue.
Je trouve ses choix magiques : touchants et justes. Bon, montrer ici des images, alors que la BD, c'est surtout des planches, c'est un peu bécassou. Mais là, je n'ai pas trop la place... La
planche est un espace. Prudhomme y entraine le lecteur dans une danse, peu à peu, quand le gros moustachu tombe un peu la veste. Ou quand la bande de musiciens se jette dans des bagarres de
bistrots, ou contre la police d'un état liberticide. La danse des doigts sur une guitare, de la fumée autour des visages... Prudhomme est un véritable
chorégraphe.
On suit un bout d'histoire d'un groupe de musiciens qui se retrouvent à la manière des 7 mercenaires, qui jouent avec les flics à la manières d'innocents sales gosses. Le lecteur est
plongé au milieu, grâce aux dialogues (et à l'absence de textes descriptifs). Le ton est léger... autour de situations graves, qui se dessinent de plus en plus terribles... On est à l'automne, et
ces hommes-fleurs sont anachroniques : la liberté n'est plus de saison.
Le ton est léger, et David, légèrement pince sans rire, peut aussi nous flanquer un gag à la Johan & Pirlouit.
Après son complice Rabaté (et Le petit rien), qu'il ne retrouvera finalement pas aux salines d'Arc et Senans, Prudhomme nous livre ici, encore, un chef
d'oeuvre.
Un livre habité !
(Sfar a aimé, et ça me fait bien chier).
La mauvaise herbe
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