Les débuts de Boucq sont géniaux. La vie, la mort et tout
l'bazar, Cornet d'humour, Pas de Deo Gracias pour Rock Mastard sont des chefs d'oeuvres. Rien à voir avec sa pâle reprise Echec à la Gestapo, qui est un échec aussi pour Boucq.
Les auteurs jouent
avec la forme : la BD est divisée en chapitres, avec un titre et une accroche à la fin, maintenant un suspens insoutenable. Le chapitre "Dans les griffes d'acier" ne sert à rien,
il montre sur une page Rock réfléchissant, mais ne trouvant pas (pff c'est dur !). Et se termine par "vous le saurez en lisant Dans les machoires d'acier". Il arrive aussi que
les personnages nous parlent, en tant que témoin de la scène (comme dans l'image ci-dessus), ou en tant que lecteur de la BD (quand l'héroïne, en marge de la page, nous prévient qu'il ne faut pas
tenir compte d'elle). Boucq rend ses personnages maîtres de la page, en les faisant intervenir sur elle (notamment quand Rock, écartant les paroies qui se referment sur lui, écrase les textes de
chaque cotés de la case).
Ils jouent aussi avec le style. Ce bouquin est sur un ton parodique, des histoires de James Bond, Philip Marlowe... Rock négocie avec les méchants comme dans une cour d'école :
- Cette fois, tu peux faire tes prières.
- Non, c'est dégueulasse, j'ai glissé.
Un méchant a fait exploser le pape sous les yeux de Rock. C'est le Mage de Normandie, qui veut être Le Suprême des Dieux ! Pour cela, il a détourné 3 cargos remplis d'eau bénite, en partance du
Vatican pour les différents pays du monde.
C'est drôle tout le temps, c'est une BD qui réveille notre intelligence. Une BD comme on n'en fait plus, comme Pétillon savait si bien faire aussi.
Boucq et Delan - Pas de deo gratias pour Rock Mastard
1983 Futuropolis, collection Hic et Nunc
13/20
Pour rigoler un peu, le méchant Méchant est en fait le patron historique du mensuel Fluide glacial, où paraissaient ces chapitres : Jack Diamond, alias Jacques Diament, complice de
Gotlib.