J'ai trouvé cet album un peu bavard, très narratif, un peu contemplatif. Ca ne m'avait absolument pas gêné dans Saïgon Hanoï, livre essentiel, alors qu'ici, ça n'est pas trop le "style" de cette série... Alors la série évolue... Faut que j'm'habitue...
Les textes semblent collés sur les images, sans réel lien. Et je me rappelle cette petite conférence confidentielle au CNBDI, où Cosey expliquait sa manière de travailler : un mur où il place une idée sur un post-it... Un mur comme une mer, où les vagues de sa création déplacent les images pour créer une histoire... comme un puzzle les yeux fermés. Ce résultat est parfaitement visible dans le merveilleux Zeke raconte des histoires... Cosey est Zeke, encore une fois.
Malheureusement ici, il n'y a pas de personnage très attachant : le moine espiègle se fait rare.

Jonathan évoque une correspondance régulière avec un mystérieux C., qu'on devine aisément être Cosey. C'est très étonnant de le voir apparaitre ainsi, derrière son personnage, demandant à son héros des nouvelles de Kate. Ses personnages ont une existence hors de lui, et lui même est un personnage !
Et je ne crois pas que le nom de Kate soit jamais prononcé. Kate, celle qui l'a entrainé loin de son Tibet, une histoire d'amour en devenir, brisée dans l'oeuf, sans qu'on sache vraiment pourquoi... Un truc triste, à chialer, comme la fin d'un Voyage en Italie, tiens ! Mais le fossé avec Kate semble bien creusé, finalement.


C'est un livre de sensations, de voyage... Et Cosey nous balade, comme il balade ce pauvre Jon, lui faisant espérer une découverte spirituelle... et du coup, on est aussi un peu déçu, parce qu'on aurait bien voulu en profiter aussi !
La quête spirituelle était une manipulation ourdie par les moines, parce que dans un monde brisé, écrasé, le moyen de s'en sortir n'est pas seulement spirituel, mais également politique... Placé dans ce monde mystique pour un occidental moyen (moi), cette leçon prend tout son sens !
Les leçons du bonheur : tout faire pour obtenir ce qu'on désire, et aimer ce qui est là.
Connaissance...

Faudra que je le relise : je n'ai pas saisi le sens des dernières paroles de Jon !

C'est toujours aussi beau, aussi sensible, émouvant.
Cosey, Jonathan
#14 : Elle - 2008 Le Lombard
14/20