Bis repetitas bis

Il y a des BD dont j'ai plusieurs versions, parce qu'elles sont des monuments de l'histoire de la BD, des moments importants.

Pour moi, FOREST est le plus grand.

Et même si Bernard de Ty-Bull (entre deux M'enfin) me déconseillait Barbarella, je m'y suis jeté, avec l'édition regroupant les 2 premiers tomes, par Guy Vidal aux Humanos. Par la suite, je suis tombé sur l'EO du Terrain vague (traduction du nom de l'éditeur, Eric Losfeld, de 64), et pour rigoler, j'ai acheté la version de 68, qui suit l'adaptation cinématographique par Vadim, avec Jane Fonda en couverture.
La première édition est en noir et blanc, avec des réhaussements monochromes, variables selon les chapitres. La version suivante est très légèrement censurée, les seins recouverts de tissus... La réédition de 94 est strictement en noir et blanc, non censurée, mais redessinée, avec le style que j'aime tant chez FOREST. Il manque donc à cette édition une couverture potable, et les couleurs tellement douces du premier volet, et tellement électriques du second...

Moliterni édite son collègue chez Serg en 72 : une adaptation libre de l'étoile mystérieuse de Jules Vernes :


En 82, Dargaud réédite l'album, avec un Guy Vidal pas très loin. La Lio de Forest met l'album en couleur, les dessins ne sont que très peu retouchés, seuls les phylactères changent de forme... et c'est déjà un sacré boulot.

Chaque version a son charme, et la poésie de FOREST transpire de chacun de ses albums.

Tiens, je viens de m'apercevoir que j'ai aussi 2 éditions d'Hypocrite et le monstre du Loch Ness : celle du Fromage, et celle éditée à l'occasion de la fête de la Clairette en 99, peu après la mort de FOREST.

J'ai aussi un petit faible pour Cuvelier (qui avait aussi un faible pour les petits, mais passons dessus, euh, passons à coté). Corentin est un régal ! Mais coté beau livre avec beau papier, Losfeld, éditeur des premiers FOREST, a édité Epoxy. Sur le même principe que le Barbarella de 64, les monochromes chapitrales donnent un ensemble magnifique. Malheureusement, la réédition de Lefrancq (fameux saboteur d'Alec Séverin) est en couleurs, horribles, réalisées par Craenhals (auteur des 4 as et de Chevalier ardent). L'ouvrage est augmenté d'un supplément vachement interessant. Où on se rend compte que Cuvelier était semble-t-il parti sur une colorisation classique, assez proche de celle de son futur coloriste...


Et pour rester du coté des grands classiques, un peu sulfureux, plongeons avec Paulette dans le journal bête et méchant. Hara-Kiri révèle une série sexuelle de Wolinski, dessinée par Pichard. Le Square publie l'album en 73, en noir et blanc, et Dargaud le réédite en 82, en couleur (chaire humaine surtout). Les deux versions sont assez belles, équivalentes, et les colles des imprimeurs donnent des livres malheureusement très cassants !!!

Ces monuments de la BD ont souvent été réédité intelligemment, avec soin, et beaucoup de respect pour l'oeuvre originale. A part l'Epoxy-bis, je les relis tous avec autant de bonheur.