Un dessinateur en quête de son histoire

Maus est un livre essentiel. Et je ne suis pas le seul à le dire. En fait, c'est l'album concensus par excellence. Et la pire des choses : celui que lisent ceux qui dénigrent habituellement la "BD". Ceux qui ne connaissent que Corto ou Sfar.
C'est un livre témoignage. Et c'est surtout en ça qu'il est essentiel. Pas trop côté dessin, narration...
 
Spiegelman fait son Mickey mouse, et se montre en train d'interviewer son père. Il n'était pas obligé. Il aurait pu raconter l'histoire de son père. Il n'était pas obligé non plus de nous refourguer une vieille de ses histoires se situant au moment de la mort de son père... une séance d'autoflagellation déprimante en plein centre de son intime nombril.

Spiegelman raconte son histoire.
Son choc face aux deux tours qui s'ébranlent... le truc dont il ne revient toujours pas, qui l'obsède jusqu'à l'écoeurement. Le truc de l'Américain impérialiste qui croit que la guerre c'est pas grave tant que c'est loin et que c'est pas des américains qui meurent. Le truc de l'américain de base, qui ne sait pas situer l'Afghanistan sur une carte.
 
Spiegelman est coincé dans des histoires qui le dépassent.

Pour revenir à l'actualité, franchement, ce grand prix est le reflet de notre époque mièvre et politiquement correcte. La preuve d'un manque d'imagination criard de la part de ces vieux grands-prix... un manque d'ouverture sur ce qu'est la BD aujourdh'ui, une amnésie du talent des acteurs actuels...
Mais les prix, c'est pas pour moi... tous les ans j'attends une lumière d'intelligence. Baru m'a franchement déçu avec cette fournée. Oula. Faut que je prenne l'air moi.
    

Comments

[Elouarn]

Je viens de lire BBDNY

Et quand même, je reste sur mon impression. Il voit le monde à travers son américanisme et sa juifitude. Le titre de cet article m'est venu en réalisant qu'on ne savait pas qui était Artie. Il se
définie à travers l'histoire de son père, des USA, des juifs... et frise parfois la paranoïa (Un juif à Rostock). Il passe son temps à se dessiner... sans jamais parler de lui.

Je n'ai rien vu de réellement critique sur la politique extérieur des USA... Une critique des médias autour de l'affaire des cigares de Clinton, des illustrations de sujet de société.

Et puis ! J'ai hésité à voir La vie est belle. Je ne comprenais pas qu'on puisse rire de ça (l'holocauste), et surtout comment. Au final, je ne l'ai pas franchement aimé. Le dessin
qui critique du film de Benigni est honteux. Quoi ? Après Maus, il n'est plus possible de parler de ce sujet ?

Et sa vision de la BD ?
"mal à l'aise à faire de la BD pour des lecteurs cultivés"

Sinon, j'ai bien aimé ses bandes sur Snoopy.
Harv' méritait mieux.

[Elouarn Blade]

Il parle "BD" dans Breakdowns, et s'explique (ou évoque) sur bien des sujets (ce nombrilisme, le poids du passé familiale, le boulet que fut le succès de Maus...)

Mais la différence entre BBDNY & Breakdowns, c'est que le premier s'adresse aux non amateurs (à priori) de BD (édité par flammarion, l'éditeur de Maus mais pas
éditeur de BD) et le 2ème si (c'est Casterman... mais quand même dans un format qui l'écarte des présentoires des libraires BD)

Deux lectorats (à priori toujours) et deux façons de raconter

[Bidouille Tannenen]

Ou même un poil.

[Elouarn Blade]

parce que c'est vrai qu'il est bien poilant !

Refuser de donner le prix à un scénariste, c'est nier que la BD est autre chose que du dessin. Je n'en reviens toujours pas que Margerin ou Vuillemin ai eu ce prix.

[Bidouille Tannenen]

Bonsoir Elouarn.


Peut-être n'as-tu pas lu "Bons Baisers de New York" chez Flammarion (?).


Si c'est le cas, je t'encourage à le faire : tu verras que Spiegelman n'a pas attendu le 11 septembre 2001 pour "ouvrir les yeux" sur le monde, en tous cas pour essayer de faire ouvrir ceux de
ses compatriotes.


La couverture prémonitoire finalisée par "Mazzuccelli" (sic) pour le New Yorker du 26/07/93 devrait notamment te plaire.


Amicalement.


TT


PS : pour le cheveu sur la soupe, tu as sans doute raison. Pourtant, j'aurais bien aimé avoir, il y a quelques années et par exemple, un cheveu de Goscinny à Angoulême.

[Elouarn Blade]

Je file chez mon libraire (non, il ne l'aura pas, il reçoit 20 cartons le mercredi et le vendredi) enfin, chez un vendeur de livre !


(je l'avais feuilleté à l'époque, mais son prix m'avais fait reculer... d'un autre coté, si je faisais la somme des sommes dépensées en belles daubes que j'hésite à garder dans mes étagères, je
pourrai m'acheter un bon paquet de Bon baisers + A l'ombre des tours mortes)

[Totoche Tannenen]

Spiegelman est tout sauf politiquement correct et c'est surtout l'impérialisme américain qui l'écoeure. Sa récompense, certes "ridiculement" tardive, ne me parait pas pour autant usurpée. Il ne
faudrait pas oublier non plus le travail qu'il a accompli 'comme Cestac l'avait fait avec Futuropolis) avec Raw. C'est peut-être aussi un peu grâce à lui qu'on peut lire aujourd'hui un chef
d'oeuvre comme Asterios Polyp.

[Elouarn Blade]

mm
Le tout est de savoir ce que signifie "politiquement correct"
Mais, découvrir le monde quand deux avions vous ouvrent les yeux, c'est sûr, c'est violent. Et la saine révolte qui en découle me semble un peu... tardive

Comme ce prix qui tombe maintenant, comme un cheveu sur la soupe
Comme un avion sur Babel.

[laurent]

lit Franka !!!!!!

[Elouarn Blade]

euh... oui ? (l'un n'empêche pas l'autre)


les 2 premiers paraissent en version normale chez BD must ce mois-ci


les 2 suivants le mois d'après


c'est noté


c'est prévu